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  • Photo du rédacteurVéronique Marie Aubry

LUNDI, C'EST RIVOLI !

Un soir, pas très tard, trottinant sur le trottoir d’un bon pas pressé de retrouver des connaissances aimées, je me suis éblouie d’une vision qui ne pouvait que me troubler. Au beau milieu des chalands alléchés par les vitrines ennoëlisées, il était là, c’était lui ! D’une taille en tout point à ma dimension, le poil dru et la croupe chaleureusement offerte, mon nouveau bonheur sur pattes chaloupait à deux encablures de mes bottes éberluées.


Afin de m’éviter toute méprise, j’ai tout d’abord songé à m’assurer que le bel animal s’ébattait en toute liberté. Le voyageur n’étant point bagué, j’ai alors choisi de dévier de mon trajet pour l’accompagner sur la route enchantée qui à bras ouverts, semblait nous accueillir. Emboîtant son pas et ses effluves, mes phéromones exaltées, en toute hâte, s’empressèrent d’arpenter le bitume à la cadence de son allure effrénée.


La brise était exquise et toute conquise par ce bel inconnu dont je voulais tout connaître, je fis sourde oreille au clairon intempestif qui sonnait à mes oreilles. Je me suis surprise à grommeler des gros mots à l’adresse d’une qui m’adressait des mots réclamant des excuses pour mon retard à obtempérer. J’ai piaffé et me suis un tantinet impatientée ; me sommant de choisir sur le champ entre la rue des Halles bardées du passé qui me revenait et le futur qui déjà m’échappait. Les quelques mesures annonçant la fièvre d’une certaine Miss Peggy n’en finissaient pas de retentir et de freiner ma progressive ascension vers un ciel qui déjà promettait de tirer le bon numéro.


A l’angle de la rue des causes perdues, je l’ai vu s’enfiler promptement sous une porte cochère où l’attendait une maîtresse énervée qui se mit à le fouetter. Ma cervelle ne faisant qu’un tour, j’ai levé la main pour conjurer le sort qui s’acharnait sur la chère chair que je convoitais. La chienne se mit aussitôt à grogner et à me menacer, mais je n’en eus cure et d’un coup de patte bien placé, je me mis à la griffer. Tandis que sur l’asphalte, déjantées, nous roulions pour sortir de cette impasse, j’aperçus bientôt mon ex-futur compagnon, à poil, qui à quatre pattes, déguerpissait.


Retrouvant instantanément toutes mes facultés et fatuités, je me suis redressée sur mon quant-à-moi et repoussant la repoussante bovine qui beuglait des vacheries sans queue ni tête, j’ai, magnanime, abandonné la spectaculaire partie de jambes en l’air sous l’œil déçu des badauds qui ne badinaient pas avec l’humour.



©Véronique Marie Aubry – Lundi 21 novembre 2011

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